Bukavu envoyé spécial
Le 4 octobre, la population de Bukavu, une élégante ville universitaire de l'est du Congo, jubilait en accompagnant les derniers soldats rwandais passant sur le pont sur la rivière Ruzisi, qui marque la frontière entre le Congo-Kinshasa et le Rwanda. C'était, en principe, la fin de quatre années d'occupation et de pillage, et surtout l'épilogue d'un conflit qui a fait entre 1 et 2 millions de morts. Mais le départ de l'armée rwandaise a créé un dangereux vide du pouvoir. «On a vécu dans l'effervescence quand les Rwandais sont rentrés chez eux, se souvient Pascal Kabungulu, secrétaire exécutif de l'association de défense des droits de l'homme Héritiers de la justice. On ne s'était pas attendu à ce que Kagame et Kabila (les présidents rwandais et congolais, ndlr) signent fin juillet l'accord de paix de Pretoria. On a cru que c'était la fin de la guerre. Mais, en moins de 24 heures, on a commencé à recevoir des témoignages de civils inquiets, surtout depuis des villages éloignés. Beaucoup d'histoires de pillage, d'enlèvement et de viol.»
«Je les ai suppliés.» Dans les collines de Bagira, un grand quartier populaire à la lisière de Bukavu, les enfants qui jouent entre les flaques de boue s'empressent de rentrer dès que le soleil décline. A la nuit tombée, les habitants craignent une attaque des Interahamwes. Depuis le génocide de 1994 au Rwanda, dont ils sont responsables, ces miliciens hutus errent dans les collines de l'est de la république démocratique du