Une grande controverse agite la Convention : Dieu a-t-il sa place dans la future Constitution européenne ? Autant l'enceinte présidée par Valéry Giscard d'Estaing est vite tombée d'accord sur l'idée de doter l'Union d'une personnalité juridique propre, autant la question de son «âme» s'annonce-t-elle infiniment plus conflictuelle. Comme en 2000, déjà, lors de la rédaction de la Charte des droits fondamentaux de l'UE, deux camps s'affrontent : les pays résolument laïcs et les autres. A la demande expresse de Chirac et Jospin, l'ex-président allemand Roman Herzog, qui dirigeait alors les travaux sur la Charte, avait dû faire disparaître de son préambule la référence au «patrimoine religieux» de l'Europe. Paris avait sauvé la laïcité de l'Union Ñ «religieux» devenant, dans la version française, «spirituel et moral». Mais la querelle resurgit aujourd'hui, dans un contexte exacerbé par le débat qui fait rage sur la candidature de la Turquie musulmane.
Le camp de l'héritage chrétien «jouit au sein de la Convention d'un rapport de forces plus favorable» qu'il y a deux ans, note un conventionnel français. Car les appels répétés du pape à inclure la religion dans les «nouvelles fondations de la maison commune européenne» y bénéficient de nouveaux relais de poids, qu'il s'agisse de la très catholique Pologne (représentée à la Convention comme chacun des treize pays candidats) ou de la nouvelle majorité de droite italienne. Signe que le camp clérical reprend du poil de la bête, le Parti