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Libération

Un Jack l'éventreur de derrière les pinceaux

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L'écrivain Patricia Cornwell assure qu'un peintre est le criminel londonien.
publié le 18 novembre 2002 à 1h48

Londres et Washington

de nos correspondants

La femme est couchée, nue. Son visage est tourné vers le mur, on ne voit que sa nuque et sa joue gauche. Assis au bord du lit, un homme habillé, la tête baissée, les mains jointes. Titre de cette toile : le Meurtre de Camden Town. Le tableau est signé Walter Sickert, un peintre impressionniste mineur, disciple de Whistler et ami de Degas, Oscar Wilde ou Pissarro. Il travaillait dans ce quartier de Londres quand un horrible crime a été commis en 1907. Près d'un siècle plus tard, la romancière américaine Patricia Cornwell accuse : le criminel n'est autre que l'auteur du tableau. Et ce n'est pas son seul meurtre : en 1888, affirme-t-elle, Sickert égorgeait et mutilait d'autres prostituées dans les brumes du Londres victorien sous le pseudonyme de Jack l'Eventreur. Après un an d'enquête, Patricia Cornwell publie un livre au titre définitif : Portrait of a Killer : Jack the Ripper, Case Closed (Portrait d'un tueur, Jack l'Eventreur, affaire classée).

Névrose de l'assassin. Sa démonstration, qui se prétend fondée sur des preuves scientifiques, a déclenché une belle controverse. Les éventrologues, ces détectives amateurs qui se sont mis en tête de résoudre le mystère, réfutent point par point les arguments de l'Américaine. Quant aux historiens de l'art, ils haussent les épaules. Sickert (1860-1942) était certes fasciné par les crimes de Jack, mais ses biographes ne l'imaginent pas un instant en train de découper des prostituées en menus morc