Camariñas envoyé spécial
D'un ample geste du bras, Ezequiel Ribeiro, un pêcheur de 52 ans, prend à témoin la baie de Camariñas avec un air de dépit. «En apparence, tout est tranquille ici. La marée noire a souillé les côtes tout autour et, parce que c'est un bras de mer assez protégé des vents du large, elle a pour l'instant épargné ce coin. Mais si le fioul revient en force, on n'est pas du tout préparé. Ce serait un drame car cela réduirait à néant tous les viviers de crustacés, et la majorité des gens vivent de cela par ici.» Près de la longue jetée, où les services de sauvetage maritime ont établi un centre logistique, un bateau ramène à quai trois digues flottantes antipollution qui n'ont pas résisté à la furie des vents. «On passe notre temps à placer ces barrières, mais elles ne sont pas assez solides, confie un membre de l'équipe de secours. J'ai l'impression de travailler pour rien.»
Menace. Tout au long de la Côte de la Mort domine un sentiment d'impuissance face aux risques d'extension de la marée noire. Alors que toute navigation a été prohibée jusqu'à nouvel ordre, des informations contradictoires circulent sur l'avancée du fioul déversé par le Prestige. «A en croire les prévisions officielles, la menace varie d'heure en heure, tantôt sérieuse, tantôt lointaine. En fait, on est livrés à notre sort et les moyens disponibles sont notoirement insuffisants», résume Anton Carracedo, maire de Laxe, un port dont les environs immédiats sont très affectés par les coulées d