L'Espagnole Loyola de Palacio est commissaire européenne chargée du Transport et de l'Energie.
Jacques Chirac a dénoncé «l'incapacité des responsables politiques nationaux et européens à prendre les mesures qui s'imposent [...] contre les navires poubelles». Partagez-vous ce diagnostic ?
Cela dépend de ce qu'il entend par «européen». La Commission a fait son travail. Trois mois après la catastrophe de l'Erika, nous avons proposé un paquet de mesures connu sous le nom «d'Erika I», qui vise à renforcer le contrôle des navires et à éliminer les «simples coques», des bateaux trop fragiles. La Commission a ensuite mis sur la table un second paquet, «Erika II», qui crée une agence de sécurité maritime. En revanche, il est vrai que le Conseil des ministres, qui réunit les gouvernements de l'Union, a retardé l'adoption de ces mesures alors que j'insistais sur leur urgence. Erika I n'entrera en vigueur qu'en juillet 2003 et Erika II en février 2004.
La responsabilité de ces retards est donc imputable aux Etats ?
Une fois les marées noires nettoyées, les Etats membres oublient l'urgence d'agir. Or, le transport de matériaux polluants près des côtes de l'UE est en augmentation constante, ce qui accroît les risques. Je souhaite que l'on applique par anticipation «Erika I et II» et que l'on se donne les moyens budgétaires de les mettre en oeuvre efficacement. Le temps des belles paroles est révolu.
On connaît les Etats qui ont rechigné à adopter vos propositions au nom de la liberté des mers