Istanbul de notre correspondant
Grand vainqueur des élections législatives du 3 novembre, Recep Tayyip Erdogan, leader des islamistes modérés du Parti de la justice et du développement (AKP), a entamé une grande tournée dans les capitales de l'UE pour affirmer sa stature européenne. Les résultats en sont encore incertains, mais cette opération séduction fonctionne déjà à fond au niveau de son opinion publique.
Concessions. Sur les sujets les plus délicats dans les relations avec les Quinze, il a complètement changé la politique traditionnelle d'Ankara. Sur Chypre, notamment, il s'est montré prêt à des concessions majeures pour résoudre la question de cette île toujours divisée depuis l'intervention en août 1974 des troupes turques. «Cessons d'enfoncer nos têtes dans le sable», a lancé Erdogan, convaincu qu'un compromis sur Chypre facilitera l'adhésion de la Turquie à l'UE.
La majorité de l'opinion publique le soutient. «Erdogan a déclaré avec beaucoup de courage que le roi était nu», a écrit jeudi le grand quotidien populaire Sabah (centre droit). A l'exception du quotidien Cumhuriyet, (républicain, souverainiste et plutôt eurosceptique), l'ensemble de la presse écrite, y compris ceux qu'inquiétait l'islamisme des dirigeants de l'AKP, saluent les efforts et la performance d'Erdogan. Davud Dursun, du quotidien Yeni Safak (proche de l'AKP), a qualifié la campagne diplomatique d'Erdogan de «révolution» alors que Taha Akyol de Milliyet (centriste) croit que l'AKP «en libéralisant l