Vienne de notre correspondant
Le tremblement de terre un éditorialiste a même osé le terme de «glissement des plaques continentales» qui a frappé l'Autriche, dimanche, ne se limite pas à l'effondrement de l'extrême droite de Jörg Haider, le FPO. «Il touche aussi au fait, souligne le politologue viennois Fritz Plasser, qu'un électeur sur quatre a donné sa voix à un autre parti que celui pour lequel il avait voté en octobre 1999.» Dans un pays aussi électoralement fidèle que l'Autriche, le bouleversement est de taille «et pourrait préfigurer, ajoute le politologue, d'autres ébranlements..».
Peur viscérale. Le plus fort déplacement de voix s'est opéré du FPO vers l'OVP (conservateur) : selon l'institut d'études sociales Sora, 602 000 personnes (sur 5,9 millions d'électeurs, et 4,7 millions de bulletins valables) seraient passées de l'extrême droite aux conservateurs. Leurs raisons ? «D'une part, une satisfaction à l'égard du travail accompli par le gouvernement sortant et, d'autre part, une méfiance à l'égard de Jörg Haider, jugé trop imprévisible», répond Günter Ogris, analyste chez Sora. Beaucoup d'Autrichiens auraient aussi manifesté leur peur viscérale d'un gouvernement «rouge-vert» (formé par les sociaux-démocrates et les écologistes, comme en Allemagne), présenté de ce côté-ci des Alpes comme une forme d'anarchie libertaire. Vision qui pourrait faire sourire, mais que les conservateurs ont martelé tout au long de leur campagne, avec le relais du puissant tabloïd Kronen