Le candidat des descamisados (les «sans-chemises») a gagné. Avec plus de 54 % des suffrages au second tour, le colonel Lucio Gutierrez a été élu président de l'Equateur avec une nette avance sur son rival, le magnat milliardaire de la banane Alvaro Noboa, crédité de 45,7 % des suffrages après le dépouillement de la quasi-totalité des bulletins. Gutierrez, 45 ans, a promis de ranger au placard l'uniforme qu'il a porté durant la campagne, semblable à celui qu'il arborait en 2000 lorsqu'il menait ses troupes pour soutenir un soulèvement indien et renverser le président élu, Jamil Mahuad. Il a également promis de lutter contre la corruption de la classe politique, des fonctionnaires et des banquiers, et d'offrir la gratuité du système de santé et des loyers bon marché pour les pauvres, environ 80 % des 12 millions d'Equatoriens.
Extrémiste. Avec un tel programme, «Lucio», comme l'appellent les Equatoriens, a vite été présenté par ses ennemis comme un extrémiste de gauche et a donné le sentiment qu'après l'élection de Lula au Brésil l'Amérique latine était portée par une vague de gauche. Le militaire, à la retraite depuis sa participation au putsch, n'a pourtant eu de cesse de se démarquer d'une image à la Hugo Chavez, le président vénézuélien qui fait grincer des dents les Américains. Gutierrez s'est rendu aux Etats-Unis entre les deux tours pour visiter Wall Street et solliciter un prêt du FMI, promettant d'honorer les échéances d'une dette extérieure de plus de 11 milliards de