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Libération

Fatwa contre une journaliste au Nigeria

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Son article avait déclenché les émeutes meurtrières de la semaine dernière.
publié le 27 novembre 2002 à 1h54

Tandis que les habitants de Kaduna enterraient leurs morts, le gouvernement islamique d'un Etat voisin du nord du Nigeria, Zamfara, a lancé une fatwa appelant les croyants à tuer la journaliste Isioma Daniel. Dans le quotidien This Day du 16 novembre, elle avait conclu un article «people» sur les candidates au concours Miss Monde en suggérant que le prophète Mahomet aurait pu prendre l'une d'entre elles pour épouse. Jugé blasphématoire pour les musulmans, cet article a servi de prétexte à des tueries interconfessionnelles la semaine dernière à Kaduna, qui ont fait plus de 200 morts et de nombreux blessés. Les responsables du quotidien se sont excusés à plusieurs reprises.

Isioma Daniel, journaliste sans grande expérience, revenue depuis peu de Grande-Bretagne, n'a sans doute pas mesuré l'extrême susceptibilité religieuse de ses compatriotes. Devant l'horreur des massacres, qui ont indistinctement touché enfants, hommes de religion ou commerçants, elle a immédiatement offert sa démission. Ça n'a pas suffi aux dirigeants du Zamfara, premier des douze Etats nigérians du nord à avoir introduit la charia (la loi islamique) depuis le retour de la démocratie au Nigeria en 1999. Lundi, dans un discours prononcé devant des chefs religieux, le gouverneur adjoint de cet Etat a annoncé le verdict : «Comme pour Salman Rushdie, le sang d'Isioma Daniel peut être versé.» Hier, la fatwa ­ ou décret religieux ­ était lancée. Selon l'un de ses collègues, interrogé par l'AFP, Isioma aurait déjà