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Libération

«Prestige»: une marée d'irresponsables

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De la Grèce à la Russie, l'opacité règne autour du pétrolier.
publié le 27 novembre 2002 à 1h54

Alors que le mauvais temps est venu une fois de plus interrompre les opérations de pompage du pétrole échappé des cuves du Prestige, le brouillard s'épaissit autour du navire naufragé. Le pétrolier figure au coeur d'un incroyable imbroglio, dont les ramifications s'étendent de la Russie à la Grèce, en passant par les Bahamas, la Suisse, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne. De quoi semer les juristes espagnols, en quête d'un coupable sommé de payer la facture.

«Parfaite conformité». Le Prestige contenait un fuel lourd, un sous-produit du raffinage, ce n'est un secret pour personne. En revanche, celui du propriétaire de la cargaison est bien gardé, comme c'est la coutume dans les milieux pétroliers. Crown Resources, qui avait affrété le navire, s'est borné à expliquer ­ par la voix de Grenfield, son agence de relations publiques à Londres ­ que le pétrole «provenait des Etats de la Baltique, de Russie et d'Europe occidentale». Et a insisté sur le fait que le Prestige était en «parfaite conformité» avec la législation internationale puisque son agrément avait été renouvelé en mai par la firme de certification American Bureau of Shipping (ABS). Cette société affirme coopérer avec les Bahamas, dont le navire arborait le pavillon, et prétend qu'une enquête interne n'a pas permis de remettre en cause ses procédures de certification. ABS n'aurait donc aucune responsabilité.

Le coupable serait-il en Suisse, où le siège de Crown Resources a échoué, il y a deux ans, après avoir été inst