Varsovie envoyée spéciale
«Mieux vaut être membre de second rang de l'Union européenne que membre à part entière du Pacte de Varsovie», la défunte alliance militaire des pays communistes : Adam Michnik, figure du mouvement Solidarité, aujourd'hui rédacteur en chef du principal quotidien polonais, résume le réalisme un brin désenchanté qui règne à Varsovie à l'approche de son adhésion. Impatiente de conclure ses ultimes négociations avec Bruxelles, la Pologne ne croit plus en des retrouvailles miraculeuses avec l'ouest de l'Europe mais plutôt en une réunification raisonnée où des deux côtés, chacun entend ne rien y perdre.
«Vous n'allez pas me dire que l'Europe se résume à la question du lait», soupire le président Alexandre Kwasniewski, recevant un groupe de journalistes français, «plus précisément à celle de savoir si les laiteries polonaises pourront continuer à produire de la qualité première classe, vendue sur le marché polonais, ou si elles ne pourront plus fabriquer que de l'extra, en vigueur dans l'UE, ce qui mettra en péril au moins 300 entreprises». A sa façon polie, teintée d'ironie, le chef de l'Etat exprime une lassitude face à des négociations qui se sont trop souvent résumées à des discussions de marchands de tapis plutôt qu'à des échanges sur un grand projet commun. «L'enthousiasme des retrouvailles de 1989 ne pouvait durer, reconnaît-il, mais il ne faudrait pas pour autant l'oublier.»
Méningite. Refroidie par l'«égoïsme» des grands pays, notamment ses alliés all