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Libération
Interview

«La crise économique actuelle est très mal vécue»

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publié le 29 novembre 2002 à 1h56

Directeur adjoint de l'institut franco-allemand de Ludwisburg, le politologue Henrik Uterwedde analyse la crise allemande.

Pourquoi Gerhard Schröder est-il si critiqué ?

Depuis sa réélection, sa gestion a été tellement cacophonique qu'il a perdu beaucoup de son capital de confiance. Tous les jours, le gouvernement sort une nouvelle idée de réforme, qu'il rentre aussi vite dans les tiroirs sous le feu des critiques. Il faudrait que le chancelier prononce un discours à la Churchill sur la situation de l'Allemagne, avec de vraies réformes à la clef. Sinon, nous risquons l'enlisement.

Schröder est-il sûr de mener à terme son mandat ?

La perspective de renversement du gouvernement, dont rêvent certains, est illusoire. Aux termes de la Constitution, il faudrait qu'une majorité absolue de députés s'accorde sur le nom d'un candidat alternatif et l'élise. Or on voit mal les Verts abandonner Schröder pour la CDU.

Certains ont comparé la situation actuelle à la dépression économique de la république de Weimar. Qu'en pensez-vous ?

C'est un parallèle absurde et dangereux. La république de Berlin n'est évidemment pas en fin de règne démocratique comme l'était celle de Weimar juste avant l'arrivée d'Hitler au pouvoir (1). Mais comme la République allemande n'a que cinquante-cinq ans, et que notre culture démocratique repose essentiellement sur la prospérité économique, la crise actuelle est très mal vécue. On se demande si notre démocratie est assez bien ancrée pour résister à une crise économiq