Kaboul envoyé spécial
Le colonel Nezamodine Choopan possède un joli sabre. Il l'a sorti pour passer en revue ses nouvelles troupes, le 4e bataillon de l'«armée nationale afghane», le deuxième à être formé par une cinquantaine d'instructeurs français. L'orchestre joue faux et les recrues, aux cheveux trop longs et à l'allure plutôt débonnaire, ont bien du mal à respecter l'ordre serré, un délicat mélange des traditions militaires russes et turques. Les treillis américains sont flambant neufs et les armes toutes d'origine ex-soviétique n'ont pas trop mauvaise allure. L'officier, d'ethnie ouzbek, présente ses 360 hommes au général Delawar, le chef d'état-major afghan, un gros monsieur engoncé dans un uniforme à la mode soviétique. Il y a là des Tadjiks, des Pashtouns, des Hazaras, d'autres minorités nationales. Un creuset afghan qui crie d'une seule voix avant la prière du mollah puis applaudit le discours du général. A défaut de celui du ministre de la Défense, le maréchal Fahim : l'ancien chef militaire de l'Alliance du Nord, n'a pas cru bon d'assister à la cérémonie, qui s'est tenue à la mi-novembre.
Prévue par les accords de Bonn en décembre 2001, la formation d'une armée afghane a débuté en mai. Seuls les Etats-Unis et la France ont accepté d'y participer. «L'objectif est une armée professionnelle de 60 000 hommes en 2008», explique le commandant Jacques de Montgros, de l'état-major français à Kaboul. Pour l'instant, environ un millier de soldats sont déjà passés par le