Dix ans après le début d'une guerre qui a fait 200 000 morts dont 57 journalistes , notables locaux, affairistes et délégués des arouch (comités de village) de Kabylie ont-ils pris la relève des islamistes pour menacer la presse algérienne, à commencer par ses correspondants locaux ? C'est en tout cas ce qu'il ressort du dernier rapport de Reporters sans frontières (RSF), rendu public après une mission fin octobre en Algérie.
Menaces. Après une longue agonie, Abdelhaï Beliardouh, le correspondant du quotidien El Watan à Tebessa, est mort de ces pressions. Le 20 juillet, un de ses articles avait mis en cause Saad Garboussi, le président de la Chambre de commerce et d'industrie de Tebessa et Souk Ahras pour «blanchiment des fonds du GIA». Au téléphone, Garboussi s'était fait menaçant, avant que trois fonctionnaires fassent irruption à son domicile. Roué de coups, Beliardouh est traîné dans les rues, encore violenté et insulté sans que les forces de l'ordre interviennent. Huit personnes devaient témoigner en sa faveur : trois l'ont fait. Le 19 octobre, le journaliste mettra fin à ses jours en avalant de l'acide pur...
«Le vrai terrorisme aujourd'hui, c'est la mafia locale», résume un correspondant à Annaba. Les témoignages cités par RSF montrent effectivement une situation complexe illustrant la «déliquescence de l'Etat» et le «pouvoir de l'argent». Ils permettent de comprendre pourquoi menaces et intimidations perdurent alors que «la pression des groupes armés islamistes est