Kamina envoyé spécial
Dans un hangar, Godefroy, un Rwandais de 29 ans installé depuis huit ans en République démocratique du Congo (RDC, ex-Zaïre), attend de rentrer d'exil. Pas vraiment rassuré sur ce qui l'attend dans son pays, qu'il a fui après le génocide. Godefroy fait partie du dernier groupe d'ex-combattants hutus, avec femmes et enfants, qui doit être rapatrié de Kamina, dans le sud-est de la RDC. Au moment de s'embarquer à bord d'un avion de la Mission d'observation de l'ONU au Congo (Monuc), l'ancien rebelle fait part de ses doutes : «Je suis persuadé que l'insécurité règne dans notre pays pour nous, les Hutus.» Il n'exclut pas de reprendre le large si la situation ne lui convient pas.
Comme Godefroy, ceux qui rentrent ignorent si parents et amis sont encore en vie. Sur le tarmac de Kamina, entouré de femmes portant leur bébé sur le dos, le «major» Anastase, ancien «officier» des FDLR (Armée de libération du Rwanda, extrémistes hutus), tient son enfant par la main. «Il est temps de rentrer», convient-il, tout en déplorant que «les gens ne savent pas ce qui les attend au Rwanda».
Depuis début octobre, plus de 650 Rwandais regroupés à Kamina sont rentrés au pays dans le cadre de l'opération «Désarmement, démobilisation, rapatriement, réinstallation» de la Monuc. A leur arrivée, ils sont censés retrouver brièvement leur famille, avant de passer par un «camp de solidarité» (ingando en kinyarwanda), où les autorités leur distillent le message en vigueur au Rwanda : il n'y