Monoko Zohi envoyée spéciale
A la surface du monticule de terre fraîchement remuée, un cadavre affleure, dans un plastique bleu. A l'entrée sud de Monoko Zohi, à l'ouest de la Côte-d'Ivoire, au bord d'un chemin maculé par endroits de sang séché, deux fosses communes ont été creusées. Plusieurs corps y sont enterrés, d'après les villageois, qui affirment que des dizaines d'autres ont été jetés dans les puits alentour. Les trous d'eau ont plusieurs mètres de profondeur, certains sont bouchés avec des matelas. Au fond de l'un d'entre eux, on peut voir un corps gonflé.
Exécutions. Dans le village, c'est la désolation. Des magasins ont été vidés, d'autres brûlés. Des dizaines d'hommes de tous âges, accompagnés de quelques enfants, errent entre les maisons vides, entre les vêtements épars et les marmites renversées. De petits groupes de femmes, un bébé au dos et un baluchon sur la tête, font une réapparition timide. Parmi elles, Fatou, une jeune Burkinabé, a passé plusieurs jours en brousse avec son nourrisson. «Ils disaient qu'ils s'en prendraient aux étrangers, mais on n'y croyait pas. Maintenant, on a peur.» Rien, d'après les habitants, n'annonçait la tragédie. «Nous vivions en harmonie, il n'y avait pas de problèmes», explique Antoine Mende, un Guinéen. Selon Ibrahima Ouedraogo, un vieux planteur burkinabé installé de longue date à Monoko Zohi, les hommes des forces gouvernementales ont attaqué le village le jeudi 28 novembre. Arrivés à bord de plusieurs camions et d'au moins un