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Libération

Comment Chypre a mis pavillon bas devant les Quinze

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L'île a dû faire le ménage dans sa flotte pour satisfaire l'UE.
publié le 10 décembre 2002 à 2h04

Nicosie envoyée spéciale

A 71 ans, George Vassiliou vient de rentrer en héros dans son île : l'ancien président de la République de Chypre a remporté, comme négociateur en chef, l'ultime étape d'un marathon de près de cinq ans à Bruxelles. Le 3 décembre, Chypre était le premier des dix pays candidats à boucler ses négociations d'adhésion à l'Union européenne. Avec sa double carte de visite de paradis fiscal et de pavillon de complaisance, les choses se présentaient pourtant plutôt mal pour la plus grande île de la Méditerranée orientale. Sans même parler de sa situation politique explosive : un pays divisé, dont 37 % du sol est occupé par une armée étrangère, depuis l'invasion du Nord, en 1974, par la Turquie. Des handicaps tellement lourds que l'UE a eu un boulevard devant elle pour dicter sa loi à Nicosie.

«Harmonisation». «L'Europe n'accepte pas les pavillons de complaisance. Nous n'en sommes donc pas un», tranche Serghios Serghiou. Le directeur de la marine marchande au ministère des Transports garde un souvenir douloureux du semes tre de présidence française de l'Union, en 2000 : le naufrage de l'Erika venant de polluer les côtes bretonnes, Malte et Chy pre, respectivement cinquième et sixième flot tes mondiales, étaient devenues têtes de Turcs à Paris. Améliorer l'image du pavillon chypriote est, depuis, l'obsession de l'île. Un intense effort législatif a été accompli, qui permet aux autorités d'affirmer que «l'harmonisation est faite à 90 %» : dès son adhésion en 2004,