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Libération
Reportage

John Sankey, l'un des derniers fermiers blancs du Zimbabwe

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Dépossédés de leurs terres, les propriétaires blancs sont marginalisés par le pouvoir, soucieux de profit et de vengeance.
publié le 11 décembre 2002 à 2h05

Matebeleland envoyée spéciale

John Sankey, 70 ans, démarre en trombe et tape du poing sur son volant. «Je n'arrive pas y croire ! Ce salaud s'est branché sur mon compteur électrique ! Il m'a tout volé, et c'est encore moi qui dois payer sa note d'électricité !» Expulsé le 26 novembre de sa quatrième et dernière ferme de Nyamandhlovu, une localité située à 50 km à l'ouest de Bulawayo, John Sankey n'a pas résisté à la tentation d'une visite impromptue, quelques jours plus tard. Au lieu de la place forte à laquelle il s'attendait, il ne trouve, aux portes de son ancienne propriété, que deux «anciens combattants», deux jeunes qui n'étaient pas nés lors de la guerre de libération menée dans les années 60 et 70 par l'Union nationale africaine du Zimbabwe-Front patriotique (Zanu-PF), le parti au pouvoir dont ils se réclament. John Sankey ne leur demande pas leur avis, et encore moins une autorisation. «Permettez, je suis venu voir ma propre maison, c'est tout», répond-il à leurs questions et à leurs visages fermés.

Ce fermier né au Kenya de parents britanniques, installé depuis trente-trois ans au Zimbabwe, réprime difficilement sa colère en inspectant ce qui était, il y a encore quelques jours, sa résidence principale. Par dépit, il n'a rien laissé. Il a même emporté les portes des chalets ronds aux toits de chaume qui formaient sa demeure, perchée sur une colline. Un petit coin de paradis convoité pendant des mois par leur nouveau propriétaire, une éminence du Zanu-PF qui souhaite