Même si le rêve est un peu écorné, l'entrée dans l'Union européenne marque pour les ex-pays de l'Est l'aboutissement de dix années de transition, souvent douloureuse et ingrate, portée par un seul but : revenir au sein du monde démocratique et civilisé. Une période ouverte avec l'effondrement du mur de Berlin, en novembre 1989, se referme. Les anciennes démocraties populaires tournent la page de leur passé totalitaire pour s'arrimer au grand projet européen.
Facture. Si l'on excepte la catastrophe yougoslave qui a ensanglanté la fin du XXe siècle, les sombres prédictions annonçant des déchirements nationalistes ne se sont pas réalisées. Les pays d'Europe centrale et orientale ont plutôt bien géré leur transition, pacifiquement. Le coût social et politique a, en revanche, été lourd. Rares sont les gouvernements à l'Est qui survivent à une élection. Avec des taux de chômage frôlant les 20 % en Slovaquie ou en Pologne, la facture n'en finit pas de s'allonger et l'humeur sociale est au plus bas, la libéralisation économique, loin de profiter à tous, ayant drastiquement creusé les inégalités et fait surgir une classe de nouveaux riches.
Le paradoxe n'est pas moindre de voir des gouvernements de gauche, dont deux en Hongrie et en Pologne sont issus des ex-PC, reconvertis à la social-démocratie présider à l'entrée de leur pays dans l'UE. Avec leur lot d'incertitudes, les réformes font peur et la gauche, plus «sociale», rassure. En butte à une opposition populiste et antieuropéenn