Washington
de notre correspondant
Le leader des républicains au Sénat américain, Trent Lott, a eu beau s'être excusé à trois reprises, le mal est fait. Il a suffi d'une petite phrase pour que tous les vieux démons raciaux ressortent de la boîte où le parti républicain pensait les avoir définitivement enfouis. Malgré les pressions, Trent Lott n'a pas renoncé à conduire la nouvelle majorité sénatoriale, qui s'installera en janvier. Mais la campagne engagée contre lui ne fait peut-être que commencer. La presse, notamment, repasse au peigne fin la jeunesse du sénateur du Mississipi, traquant chaque épisode illustrant ses anciens penchants racistes. Et au sein de son parti, nombreux sont ses collègues qui le considèrent désormais comme un boulet.
Rendant hommage au doyen des sénateurs Strom Thurmond, qui fêtait le 5 décembre son 100e anniversaire, et qui quitte enfin cette année son poste, Trent Lott avait déclaré : «Quand Strom Thurmond a fait campagne pour être président [en 1948], nous [les gens du Mississipi] avons voté pour lui. Nous en sommes fiers. Et si le reste du pays avait suivi notre exemple, nous n'aurions pas tous ces problèmes.»
Sur le coup, personne n'a trop fait attention. Mais certains ténors démocrates (Jesse Jackson, Al Gore...) ont souligné, la semaine dernière, l'énormité du propos : en 1948, c'est sur un programme ségrégationniste que Thurmond, alors en rupture de ban avec le parti démocrate, s'était présenté à la présidentielle : «Il n'y a pas assez de soldats