Buenos Aires de notre correspondant
L'Argentine, désabusée, se cherche des idoles, et comme si l'Histoire se répétait, choisit des femmes politiques. C'est la Première Dame du pays, la femme du président de la République, Eduardo Duhalde, une blonde énergique qui, dans le domaine du marketing de la pauvreté et de la présence médiatique, l'emporte, et de loin. Alors que la misère existe depuis vingt ans dans les provinces du nord-ouest du pays, comme l'avait déjà montré dans un reportage photographique l'hebdomadaire Gente en avril 1983, Hilda Gonzales de Duhalde a lancé précipitamment il y a deux semaines une opération d'urgence, soutenue par les forces armées. Près d'un millier de soldats sont mobilisés, un hôpital de campagne a été installé à la hâte, un avion sanitaire réquisitionné.
FMI. Au-delà de la distribution d'aliments dans une province délaissée par le pouvoir central, ce débarquement sanitaire avait deux autres motifs : montrer que le gouvernement allait désormais pallier les carences des autorités locales et, en même temps, essayer d'améliorer l'image d'une armée qui reste aux yeux des Argentins le symbole de la répression pendant la dictature. Avec, en bonus, ces images d'enfants décharnés qui font le tour du monde (Libération du 27 novembre) au moment où Roberto Lavagna, le ministre de l'Economie, cherche l'appui de l'Europe dans les négociations qu'il mène avec le FMI.
Officiellement chargée de la coordination des politiques sociales dans le gouvernement de son