Tongmujeon envoyé spécial
Maisons fantômes, ruelles désertes, terres gelées par la rigueur de l'hiver... Le temps semble s'être arrêté à Tongmujeon, le «village de l'unification». C'est ici, dans la zone démilitarisée (DMZ), près de la ligne de démarcation du 38e parallèle séparant les deux Corées, que vivent quatre-vingts familles, dont cinq d'origine nord-coréenne. «Je suis né ici, raconte Min Tae-sung, un politicien local. Ma famille a fui le village en 1950 au début de la guerre de Corée. Réfugiés dans le sud du pays, nous tenions un jour à revenir.»
Jeudi matin, dès 6 heures, parmi les 450 villageois, ceux en âge de voter se presseront à la mairie pour aller déposer leur bulletin dans l'urne pour la présidentielle. «Regardez, quel symbole ! dit Seo Jung-whan, 53 ans, un fermier arrivé à Tongmujeon en 1973 avec femme et enfants. On aperçoit la Corée du Nord des fenêtres du bureau de vote. A Pyongyang (la capitale nord-coréenne, ndlr), cela doit aller. Mais là-bas, les gens doivent crever de faim.» Au loin, derrière le mont Dora au pied duquel court une route en travaux illustrant la volonté physique des deux Corée de communiquer, la chaîne de montagnes nord-coréennes n'est qu'à 60 kilomètres de Séoul à vol d'oiseau.
Antagonismes. Oubliées, la réforme des chaebols (conglomérats), celle de l'éducation ou du système de protection sociale. Exit les remèdes pour stabiliser les finances du pays et lutter contre les antagonismes régionaux. Depuis que Pyongyang a annoncé la reprise