Menu
Libération
Reportage

Femmes tchétchènes en première ligne

Article réservé aux abonnés
Elles sont souvent victimes des exactions des soldats russes.
publié le 18 décembre 2002 à 2h11

Nazran envoyée spéciale

Quand Liza Chamkhanova ressentit les premières contractions lui annonçant la naissance proche de son bébé, son village, Stary Atagui, était la proie d'une de ces «opérations de nettoyage» que l'armée russe effectue de manière récurrente en Tchétchénie. Toutes les sorties du village étaient bloquées. Les supplications des parentes et voisines restèrent longtemps sans effet sur les soldats russes qui répliquèrent qu'ils n'étaient «pas là pour aider les Tchétchènes à donner la vie, mais pour les tuer vivants». Quand ils cédèrent enfin, il était déjà trop tard. Liza accoucha d'un enfant mort-né. Ce témoignage recueilli par l'organisation russe des droits de l'homme Memorial, fin janvier en Tchétchénie, n'est qu'un exemple des violences faites aux femmes dans un conflit qui dure depuis plus de trois ans.

Centre d'aide. C'est parce que cette violence existe que Lipkan Bazaïeva, une militante des droits de l'homme qui se partage entre la Tchétchénie et l'Ingouchie, où vit une forte communauté de réfugiés tchétchènes, a décidé d'organiser, à Grozny, un centre d'aide aux femmes victimes de la guerre baptisé Dignité féminine. Le centre, qui ouvre ses portes aujourd'hui dans la capitale tchétchène, a recruté une équipe de trois spécialistes, juriste, psychologue et gynécologue, qui ont déjà commencé à travailler avec des plaignantes.

En Tchétchénie, estime Lipkan Bazaïeva, «les femmes souffrent beaucoup de la guerre. Les hommes ne pouvant plus subvenir aux besoins