Richard Dieter est le directeur du Death Penalty Information Center, centre de recherche sur la peine capitale, basé à Washington.
Avez-vous été surpris par le déclin des condamnations à mort ?
La rapidité du déclin est une surprise : les condamnations à mort ont chuté de moitié en trois ans, passant de 304 en 1998 à 150 l'an dernier. Les gens se posent de plus en plus de questions sur la justesse de la peine de mort. Ils ont vu de nombreux condamnés sortir du couloir de la mort, une fois qu'on s'est rendu compte (grâce à l'ADN notamment, ndlr) qu'ils étaient innocents. De plus en plus souvent, les jurys préfèrent condamner à la prison à vie plutôt qu'à la peine capitale. Le comportement des procureurs a aussi changé. Ils savent que ce sera plus difficile aujourd'hui d'amener un jury à condamner à mort un accusé. Alors, ils commencent par rechercher la peine capitale, puis ils négocient un accord à l'amiable : la coopération de l'accusé contre sa vie.
Les sondages reflètent-ils cette évolution ?
En 1994, 80 % des Américains étaient favorables à la peine de mort. Ce chiffre est aujourd'hui descendu à 70 %. Les événements du 11 septembre 2001 et l'affaire des «snipers» de Washington ont eu un petit effet (en faveur de la peine capitale), mais le nombre des gens favorables à la peine capitale est nettement inférieur à ce qu'il était auparavant.
Est-ce que les moratoires décidés dans l'Illinois ou dans le Maryland ont favorisé le déclin des condamnations ?
Pas directement : ce ne sont