C'était il y a un demi-siècle. La France, confrontée aux premiers frémissements du mouvement nationaliste au Maroc, ne sut y trouver qu'une réponse : déposer son sultan Mohammed V, le contraignant, en 1953, à l'exil avec sa famille en Corse, puis à Madagascar. Vendredi, sur le parvis de l'Institut du monde arabe, au coeur de la capitale française, son petit-fils, le roi Mohammed VI, et Jacques Chirac ont inauguré une «place Mohammed-V» en présence du Tout-Rabat et du Tout-Paris de la politique, des affaires et des médias, droite et gauche confondues.
La cérémonie, ouverte par le maire socialiste de Paris, Bertrand Delanoë, aurait pu n'être que très people autour d'un souverain jeune et surmédiatisé, entouré de la famille royale. Mais sans sa femme, la princesse Lalla Salma, qui, présente à Paris, n'a pas fait là sa première sortie officielle à l'étranger.
Tolérance. L'hommage aurait pu n'être aussi que consensuel, à l'image de Mohammed V, qui régna de 1957 à 1961, après être rentré triomphalement au Maroc en 1955. Loué pour sa «modération» et sa «tolérance», celui-ci a en effet mené le combat pour l'indépendance de son pays sans hostilité à l'égard d'une France qu'il a soutenue dès le début de la guerre contre l'Allemagne nazie. Faisant lire dans les mosquées du royaume une lettre appelant les Marocains à «ne reculer devant aucun sacrifice» pour l'aider, il est allé plus loin, comme l'ont rappelé Chirac, «M6» et Delanoë. Celui qui allait devenir l'une des rares personnalités é