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Libération
Reportage

«La France, c'est le médecin après la mort»

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publié le 23 décembre 2002 à 2h14

Bouaké envoyée spéciale

C'est une lettre adressée «à la France», tendue par un jeune manifestant. «Nous avons aidé feu Félix Houphouët-Boigny à s'installer, mais pourquoi ses successeurs, de Bédié à Gbagbo, rejettent-ils le Nord ?» Pour Coulibaly Yacouba, la France, en s'interposant en Côte-d'Ivoire, nie les problèmes d'une partie de la population «victime de discrimination». Pourtant, s'insurge-t-il, «mon père et mon oncle ont fait la Deuxième Guerre mondiale !» Jeudi, des dizaines de milliers de gens ont défilé à Bouaké, le fief du Mouvement patriotique de Côte-d'Ivoire (MPCI) en scandant des slogans hostiles au président Laurent Gbagbo et à la présence française : «La France, complice des charniers», «Monsieur Chirac, le temps du néocolonialisme est révolu», «la France des Astérix et des Tintin, nous voulons continuer de rêver avec elle», pouvait-on lire sur les pancartes.

A Soukoura, un quartier populaire de Bouaké, on n'en finit pas de s'interroger, sous couvert d'anonymat, sur la position de la France «qui devrait être verticale, mais qui est oblique». «Avec l'identification (projet mis en oeuvre par le gouvernement, qui consiste à doter chaque Ivoirien d'une nouvelle pièce d'identité, contesté au motif que certains font l'objet de discrimination patronymique, ndlr), le gouvernement veut mettre à l'écart une partie des Ivoiriens, c'est ce que la France veut ?» Un habitant lance : «La France, c'est le médecin après la mort. Les problèmes de xénophobie, d'ivoirité, sont co