Plus de six ans après l'enlèvement et l'exécution de sept moines français du monastère de Tibehirine, en Algérie, l'affaire pourrait prendre à Paris un tour judiciaire après les révélations à Libération d'Abdelkader Tigha, un ex-cadre de la Sécurité militaire algérienne. Celui-ci implique en effet directement sa hiérarchie dans ce rapt. «Le frère d'un des moines, que j'avais reçu à l'époque, parlait déjà d'un montage des autorités algériennes», nous affirmait hier Alain Marsaud, ancien juge antiterroriste et député UMP. Dès 1996, le magistrat avait d'ailleurs demandé par deux fois au garde des Sceaux l'ouverture d'une information judiciaire. En vain. Aujourd'hui, Alain Marsaud réitère sa demande auprès de Dominique Perben, estimant que «la moindre des choses serait d'aller entendre Abdelkader Tigha», détenu en Thaïlande pour défaut de visa après avoir fui l'Algérie en 1999. «Il est temps de connaître la vérité», dit Marsaud. A commencer par les conditions dans lesquelles les moines furent exécutés.
Rivalité. En 1996, Abdelkader Tigha est en poste dans un centre militaire de Blida. C'est là, à son grand étonnement, qu'il voit arriver le 27 mars au matin les sept moines qui viennent d'être enlevés (Libération d'hier). Selon Tigha, les otages seront rapidement remis à Djamel Zitouni, chef des GIA à l'époque, et dont il ne fait plus de doute aujourd'hui qu'il a été retourné depuis longtemps par Alger. C'est dans une rivalité entre maquis que Zitouni va être contraint de remettre