Arauca envoyé spécial
Sur la route qui traverse le complexe pétrolier Caño Limon, un cahot : «C'est le trou laissé par une bombe de la guérilla, il y a quelques mois.» Le chauffeur continue sa route entre végétation tropicale et puits de pétrole, au milieu des 11 000 hectares de la multinationale américaine Occidental Petroleum, Oxy. Là, dans le nord du département colombien d'Arauca, jusqu'à 110 000 barils d'hydrocarbure sont extraits chaque jour pour gagner la côte atlantique colombienne par oléoduc. En temps normal, du moins : depuis le début de son exploitation, les guérillas marxistes, l'Armée de libération nationale (ELN) puis les Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc), ont tout fait pour entraver la production du pétrole «gringo». «Avec plus de 1 000 attentats contre l'oléoduc, ils ont provoqué l'équivalent de l'écoulement d'un Exxon Valdez dans la nature», calcule le chargé de communication d'Oxy, Gerardo Vargas. L'an dernier, les attaques ont immobilisé l'exploitation pendant près de sept mois.
«Chasse aux sorcières». Face aux pertes économiques, le président Alvaro Uribe décide le 21 septembre de faire du secteur une zone «d'exception». Par décret, l'armée obtient des pouvoirs étendus dans les trois municipalités qui hébergent le complexe et les premiers kilomètres de l'oléoduc. Les militaires ont recours à des perquisitions et des arrestations massives, dans ce qu'un officier a appelé ouvertement les «villes guérilleras». Le 12 novembre, à deux heures de