C'est tout ou rien, le silence ou les cris. A Paris comme à Alger, les révélations à Libération d'Abdelkader Tigha, ancien cadre des services secrets algériens qui accuse sa hiérarchie d'être directement impliquée dans l'affaire des moines français de Tibehirine en 1996, continue depuis deux jours de susciter les réactions les plus étonnantes.
Imprévisible. Que dit le quotidien algérien privé le Matin du rebondissement d'un drame qui provoqua une immense émotion et où sept religieux trouvèrent la mort après des semaines de captivité ? «Une campagne contre l'armée algérienne», affirme le journal, qui titre à la une : Les généraux ciblés. Et par qui ? «Le président Abdelaziz Bouteflika.» Et pourquoi ? «Pour affaiblir l'institution militaire à mesure qu'approche la présidentielle algérienne de 2004», racontent longuement articles et éditorial. Le fond du témoignage, recueilli dans des circonstances pour le moins imprévisibles au fond d'une prison de Bangkok où croupit Tigha (pour défaut de visa après sa fuite d'Algérie en 1999), semble, en revanche, nettement moins important à décrypter pour le Matin.
Sur l'implication des services secrets algériens et les manipulations des GIA (Groupes islamistes armés), décrites pour la première fois longuement et en détail par Tigha, le quotidien se contente surtout d'une brève réaction de Mgr Henri Teissier, évêque d'Alger, qui affirme «qu'aucune information nouvelle ne nous permet aujourd'hui d'ajouter foi à (cette) version».
«Embarras». Arma