New Delhi de notre correspondant
Jusqu'au 27 octobre, Saddam Hussein s'appelait Shankarlal Khairalya. Un nom hindou dont il avait hérité à la naissance et dont, dans le système traditionnel, il n'aurait jamais dû se séparer. Ce nom permettait l'identification de sa caste, indiquant ainsi à tout interlocuteur sa position dans la hiérarchie sociale. Dans son cas, cette identification n'était pas à son avantage. Shankarlal est né au plus bas de l'échelle sociale, dans une caste de dalits, ou d'intouchables, en l'occurrence celle des Balmikis, communauté d'éboueurs selon la tradition datant de deux mille cinq cents ans. Habitant de Gurgaon, une ville nouvelle située en bordure de la capitale New Delhi, le jeune homme avait toutefois réussi à échapper à sa carrière prédestinée de ramasseurs d'ordures. Mais sa caste ne lui en collait pas moins à la peau. «Dans le quartier, tout le monde sait qui appartient à quelle caste, explique-t-il. Les humiliations sont quotidiennes, les gens nous interpellent par notre nom de castes, qu'ils utilisent comme une insulte.»
Protestation. Fatigué de cette discrimination, Shankarlal a pris, le 27 octobre, une décision radicale : il s'est converti à l'islam. «Je ne suis pas du tout religieux, affirme-t-il, mais c'est pour moi la seule manière de protester contre le système injuste des castes. Au moins, dans l'islam, il n'y a pas de discrimination, on me traite comme un égal, pas comme un sous-homme.» Quant au choix de son nouveau nom, ce n'est pas un