Sorø envoyé spécial
Sorø avait tous les attributs d'une jolie petite ville paisible, à une cinquantaine de kilomètres au sud-ouest de Copenhague. Elle se fait désormais un nom sur l'échiquier mondial, de Washington à Bagdad. Là-bas, dans un modeste appartement d'un immeuble de brique, en retrait d'une route, le général Nizar al-Khazraji, ex-chef d'état-major de l'armée irakienne, ronge son frein. Au début du mois, la cour d'appel de Copenhague a confirmé la décision du tribunal de Sorø de le maintenir en résidence surveillée. Le plus haut gradé irakien à avoir fait défection au régime de Saddam Hussein est désormais inculpé pour crimes de guerre commis contre les Kurdes au cours de l'opération Anfal, à la fin des années 80, dans le nord de l'Irak. La justice danoise a agi au titre du principe de la «compétence universelle», qui permet de poursuivre partout les responsables des crimes les plus graves (lire ci-contre). Nizar al-Khazraji clame son innocence. L'affaire est d'autant plus sensible que le nom de ce général circule dans les milieux de l'opposition irakienne et dans les cercles initiés de Washington comme celui d'un des possibles successeurs au dictateur de Bagdad.
Asile. Dans une maisonnette à quelques kilomètres de là, Jamal rigole. Ce Kurde irakien est arrivé au Danemark la même année que le général, en 1999. Démis de ses fonctions à la fin des années 90, ce dernier avait fui en Jordanie en 1996, avant de rejoindre le royaume scandinave. Le hasard a voulu que le gén