Nairobi de notre correspondant
Les Kényans ont le sourire. C'est plutôt rare. D'habitude, ils se contentent de survivre dans la pauvreté et malgré la corruption. Depuis l'élection de vendredi, et après seulement une décennie de multipartisme, ils se sont découvert un pouvoir extraordinaire. Par la seule force des urnes, ils ont ridiculisé la Kanu, le parti au pouvoir sans interruption depuis l'indépendance en... 1963.
Ce matin, le vieux chef d'Etat sortant Daniel Arap Moi transmettra les clefs de la présidence à l'opposant Mwai Kibaki qui deviendra ainsi le troisième président de l'histoire du pays après Jomo Kenyatta, le père fondateur au pouvoir, de l'indépendance jusqu'à son décès en 1978, puis Moi. Une transition démocratique et, pour l'instant, pacifique, ce qui reste une rareté sur le continent africain.
Débâcle. Les chiffres sont éloquents. D'après des résultats provisoires, Kibaki a recueilli 63 % des suffrages au premier tour contre 30 % à Uhuru Kenyatta, le candidat imposé par Moi à la Kanu. La coalition d'opposition Arc-en-ciel réalise aussi un raz-de-marée au Parlement. Toute une série de ministres sortants, y compris le vice-président Musalia Mudavadi, ont perdu leur siège de député dans la débâcle.
«Tout est possible sans Moi !» C'était devenu le cri de ralliement de l'opposition. Après vingt-quatre années à la présidence, Moi ne pouvait pas, d'après les termes de la Constitution, se présenter à un troisième mandat. Les électeurs ont puni Uhuru Kenyatta pour son al