Abidjan envoyé spécial
Dans une ville morte dès la fin de l'après-midi, couvre-feu à 19 heures oblige, fêter la nouvelle année relève de la gageure pour les Français demeurés en Côte-d'Ivoire. Sinistrés, les hôtels d'Abidjan proposent des formules inédites pour leur éviter de passer le cap de minuit sans être claquemurés chez eux. Un établissement du centre-ville offre ainsi un dîner avec foie gras et langoustines, arrosé de pouilly fumé et de saint-émilion, une soirée animée par un DJ renommé, combinés avec une chambre et le petit déjeuner pour 65 000 francs CFA (100 euros).
Rumeur. Mais cent jours après le début des troubles en Côte-d'Ivoire, alors qu'aucune solution politique ne se dessine, personne n'a vraiment le coeur à la fête. Pas plus les Français, estimés à quelque 20 000 personnes (binationaux compris), que les Ivoiriens. La rumeur sur une levée possible du couvre-feu, en vigueur depuis le début de la crise, pour la Saint-Sylvestre s'est révélée infondée. «Abidjan est devenu une vaste prison, se plaint Armelle, une cadre commerciale française. On sort de son domicile tôt le matin pour aller travailler, et, en fin d'après-midi, on quitte le bureau pour foncer chez soi avant la tombée de la nuit.» Mieux vaut en effet ne pas s'attarder : aux barrages qui ont essaimé dans toute la ville, les policiers ou les soldats arrêtent à qui mieux mieux les automobilistes pour leur sous-tirer quelques milliers de francs CFA.
Au coeur de l'après-midi, il règne déjà une ambiance de f