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Libération

La guerre des medias fait rage au Venezuela

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Pro ou anti-Chavez, télés et radios choisissent leur camp.
publié le 31 décembre 2002 à 2h18

Caracas (Venezuela)

envoyé spécial

Au coin de la rue d'un secteur populaire de Caracas, Ana, épicière, commence un travelling ; son gamin l'engueule : «Pas si vite, on n'a le temps de rien voir !» Comme les nombreux bénévoles qui participent à l'essor des médias communautaires vénézuéliens, le petit groupe de Catia-TV, en reportage dans sa rue, touche pour la première fois caméra et micro.

«Communistes». Armés du seul slogan «Ne regardez pas la télé, faites-la !», cesÊgardiens de nuit, étudiants ou travailleurs au noir aux moyens dérisoires sont devenus malgré eux les acteurs d'une guerre des médias, dans un pays profondément divisé entre partisans et opposants du président Hugo Chavez. Face au président de gauche, élu depuis 1998 sur un programme de «révolution bolivarienne» sociale, les médias privés ont vite pris la place des partis d'opposition morcelés. Souvent propriété de grands groupes de communication, hostiles au gouvernement, ils ne pardonnent pas au Président ses réformes «communistes» ni ses envolées verbales parfois agressives. «De nombreuses émissions d'opinion respirent la haine de Chavez, elles poussent au coup d'Etat», reconnaît une journaliste d'une chaîne commerciale, sous couvert d'anonymat.

Face à eux, le gouvernement encourage l'essor des médias communautaires. Issus, comme Ana, des quartiers po pulaires, les bénévoles sont généralement favorables au gouvernement, même si une minorité de leurs programmes aborde des sujets politiques. «Nous ne sommes pas pr