Moscou intérim
Coupable, mais pas responsable. Le verdict prononcé mardi par le tribunal de Rostov-sur-le-Don à l'encontre du colonel russe Iouri Boudanov, meurtrier d'une jeune Tchétchène, est loin de satisfaire le père de la victime, qui a annoncé mercredi qu'il ferait appel auprès de la Cour suprême militaire. Alors que le procureur avait requis douze ans de réclusion, le juge Viktor Kostine s'est rangé aux conclusions de la troisième expertise psychiatrique selon laquelle l'officier «ne se rendait pas compte» de ce qu'il faisait lorsqu'il a étranglé Elsa Koungaïeva, le 26 mars 2000 à Tangui-Tchou, au sud-ouest de Grozny. Suivant la proposition des psychiatres, le tribunal a décidé d'interner l'accusé en hôpital psychiatrique.
LeÊcolonel Boudanov est le premier responsable militaire russe de ce rang à être traduit en justice sous un chef d'accusation aussi grave. Son procès, qui s'est ouvert en février 2001, se voulait exemplaire et devait laver l'honneur de l'armée russe, accusée de commettre des exactions sur la population civile depuis son retour en Tchétchénie, le 1er octobre 1999. Ses nombreux rebondissements et son dénouement n'ont finalement abouti qu'à prouver l'omnipotence, voire l'impunité, de l'armée sur le territoire de la République rebelle. «Les Tchétchènes risquent de perdre tout espoir d'avoir des procès honnêtes lorsque les militaires violent les lois. Les militaires savent maintenant qu'ils ont les mains libres», a commentéÊle numéro 2 de l'administration