Washington de notre correspondant
Personne ne doute du fait que les Américains gagneront une éventuelle guerre contre l'Irak. Ce qu'ils risquent de perdre, en revanche, c'est la paix qui lui succédera. L'expérience afghane montre combien il est difficile de remettre un pays sur pied. La tâche en Irak risque d'être plus ardue encore, si, comme certains le prédisent, le peuple irakien accueille avec hostilité les «libérateurs». George W. Bush, qui a toujours professé son hostilité au nation building (la «construction politique de nations»), a dû se résoudre à préparer le plus ambitieux plan d'occupation et de reconstruction d'un pays depuis la dernière guerre mondiale.
Tandem. Le New York Times a dévoilé hier les grandes lignes de ce plan, discuté et peaufiné depuis des mois. Il prévoit une occupation militaire lourde, pendant «au moins dix-huit mois». Pour éviter l'image d'une occupation de style MacArthur (1), la Maison Blanche prévoit de confier la direction du pays à un tandem, formé par un militaire et un civil. Il n'est pas exclu que le civil soit désigné par l'ONU. Les institutions les plus répressives du régime seraient détruites, mais le plus gros de l'administration irakienne serait conservé. Seuls les plus hauts dirigeants seraient jugés par des tribunaux militaires.
L'une des premières mesures des occupants serait de prendre le contrôle de l'industrie pétrolière du pays, afin de financer la reconstruction. La façon dont l'Irak serait alors représenté au sein de l'Opep