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Libération

Liban: les trous de mémoire des manuels scolaires

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Dans les cours d'histoire, la guerre civile n'est pas au programme.
publié le 7 janvier 2003 à 21h41

Beyrouth de notre correspondante

«Nous voulons savoir des choses sur la guerre du Liban, mais on ne nous dit rien», s'exclame un élève de terminale. Rien ou presque, puisque dans les différentes communautés du Liban on apprend à la maison la version des parents et grands-parents, où ce sont les «autres», chrétiens ou musulmans, c'est selon, qui ont massacré les «nôtres». Aujourd'hui au Liban, les élèves de l'après-guerre étudient un programme d'histoire vieux de trente-cinq ans qui s'arrête à l'indépendance en 1943. Pour Samir Kassir, historien et éditorialiste au quotidien Al-Nahar, «une fois que Mohamed, et Joseph, et Dimitri, et Ali auront décidé qu'ils veulent apprendre à se connaître sans chercher à régler des comptes, ils pourront se pencher sur ce qui les sépare. Alors, on pourra parler de livre d'histoire».

«Arsenal idéologique». Pourtant, en 1996, le Centre national de recherche et de développement pédagogique (CRDP), un organisme gouvernemental, a chargé une commission d'historiens d'élaborer un nouveau programme. «C'était un travail très pénible, parce qu'il y a un immense arsenal idéologique dans les esprits qu'il fallait prendre en compte, explique le Pr Antoine Messara, membre de la commission. Nous avons essayé de respecter les divergences et de présenter les points de vue des uns et des autres pour que l'élève puisse se faire une opinion.» En 2000, ce programme a été approuvé par le Conseil des ministres, mais aucune démarche n'a été entreprise pour y donner su