Tokyo de notre correspondant
Finie l'image entretenue depuis le XVIIIe siècle du gentil samouraï protecteur du petit peuple. Pour lever des fonds en ces temps de crise, la pègre du pays (les fameux yakuzas), hors la loi depuis le texte antigangs de 1992, a laissé tomber ses sabres et ses revolvers. Sa nouvelle arme fatale ? Le bulldozer. Rien de tel pour réduire en miettes ses nouvelles cibles : les distributeurs automatiques de billets.
L'Agence nationale de la police (NPA) a indiqué jeudi que cinquante-sept attaques au bulldozer et à la perforeuse s'étaient produites dans l'archipel en 2002. L'année précédente, neuf attaques au bulldozer avaient été commises parmi les quarante-huit visant des distributeurs automatiques (ATM). Lors de ces casses éclairs d'un nouveau type, les gangsters ont dérobé en 2002 la bagatelle de 335 millions de yen (près de 2,7 millions d'euros).
Chantiers. La NPA ne sait comment mettre la main sur «le gang des bulldozers». La durée de vie moyenne d'un immeuble au Japon étant de trente ans, le paysage urbain est en métamorphose perpétuelle. Les chantiers de cons truction abondent, ouverts aux quatre vents. Bulldozers, perforeuses, machines-outils, pelleteuses... Les gangsters peuvent se servir en toute impunité. «A ce jour, nous avons procédé à l'arrestation de neuf suspects impliqués dans quatre attaques. Ils sont tous liés à des organisations criminelles», a indiqué la police. Un pléonasme poli pour ne pas citer les yakuzas (184 000 hommes, 5 200 gan