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Libération
Enquête

Saddam, hardi soldat d'Allah

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Après avoir imposé pendant des années la laïcité dans son pays, Saddam Hussein se fait le chantre d'un islam radical et mégalo-maniaque. Objectif: s'approprier la guerre sainte et récupérer la cause palestinienne.
publié le 14 janvier 2003 à 21h48

Bagdad envoyé spécial

S'agit-il de crayons de papier ou de missiles Scud ? L'imam Abdallah assure que ce sont des crayons et s'offusque que l'on puisse penser le contraire. Pourtant, à les regarder de près comme de loin, quatre des huit minarets de la grandiose mosquée Oum al-Ma'arik à Bagdad ressemblent à s'y méprendre aux missiles irakiens qui ont frappé Israël et l'Arabie Saoudite au plus fort de l'opération «Tempête du désert». Et les quatre autres évoquent des canons de Kalachnikov dressés vers le ciel qu'ils semblent mettre en joue. Le nom de cette mosquée bleue et blanche, presque toute de marbre, lui donne aussi une tonalité belliqueuse. Ne s'appelle-t-elle pas «la Mère de toutes les batailles», expression forgée par le président Saddam Hussein après l'invasion du Koweït pour décrire la guerre qu'il mena contre une coalition d'une vingtaine de pays et qu'il affirme avoir remportée ? L'imam Abdallah s'insurge: «Ce ne peut pas être des missiles. Le fondement de l'islam, c'est la paix. Les musulmans aiment la paix. Et l'un des noms de Dieu est Paix. Les minarets ont la forme de crayons en hommage à la prestigieuse époque abasside, qui fut le sommet de la civilisation islamique. Les quatre autres sont dans un style d'inspiration andalouse.» Ces «cra yons» sont toutefois encastrés dans ce qui ressemble fortement à des rampes de lancement... Et s'ils sont hauts de 43 mètres, c'est parce qu'ils sont un rappel des 43 jours de 1991 durant lesquels le régime de Saddam Hussein f