Liaoyang envoyé spécial
Il y a de la graine de Lech Walesa chez cet homme indestructible de 54 ans, costaud et trapu, capable d'enflammer les foules et de tenir tête à un pouvoir communiste qui n'a pas l'habitude de se laisser faire. Et c'est sans doute la crainte de voir des hommes comme Yao Fuxin et ses camarades défier le pouvoir chinois à la manière du dirigeant du syndicat indépendant Solidarnosc en Pologne dans les années 80, qui explique l'acharnement avec lequel les autorités s'emploient à l'éliminer de la scène sociale et politique. Yao Fuxin et l'un de ses amis, Xiao Yunliang, comparaissent aujourd'hui devant le tribunal de Liaoyang, dans le nord-est industriel de la Chine, accusés de «subversion», et risquent de lourdes peines de prison, voire la peine de mort.
Yao Fuxin est d'abord un ouvrier chinois, et c'est au nom de cette ancienne aristocratie ouvrière, aujourd'hui déchue et marginalisée, qu'il s'exprime. Ce quinquagénaire est représentatif de sa génération : une éducation limitée au lycée, cinq ans de «rééducation» à la campagne pendant la Révolution culturelle, puis les restructurations industrielles de l'ère des «réformes»... Un parcours du combattant de la survie chinoise qui explique une détermination peu commune et une farouche conviction que le système communiste doit changer.
Longtemps ouvrier dans la métallurgie, il a été licencié en 1992 lorsque son entreprise d'Etat a fermé, le condamnant, à 40 ans passés, au chômage longue durée. Liaoyang, où vit sa