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Libération

En Chine, les leaders ouvriers sont jugés pour «trahison»

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Les deux accusés nient les accusations de «subversion».
publié le 16 janvier 2003 à 21h50

Liaoyang envoyé spécial

Yao Fuxin, le leader des grandes manifestations ouvrières du printemps dernier à Liaoyang, dans le nord-est de la Chine, a fait face à ses juges hier, et leur a dit sa vérité : «Vous m'accusez de subversion, a-t-il déclaré en substance, mais, si nous avons manifesté l'an dernier, c'est parce que les ouvriers n'avaient pas été payés depuis vingt mois et certains n'avaient plus rien à manger.» A ce moment-là, raconte un témoin, ce solide quinquagénaire a pleuré, sans doute parce qu'il savait ses efforts vains et que son sort avait déjà été décidé ailleurs.

Absence de la presse. En quatre heures d'audience à huis clos, avec pour seuls témoins la proche famille et quelques spectateurs triés sur le volet, en l'absence de la presse (lire encadré) et de tout observateur étranger, Yao Fuxin et son camarade Xiao Yunliang ont été jugés pour «crime de subversion du pouvoir de l'Etat» devant le tribunal intermédiaire de Liaoyang, à 500 km au nord-est de Pékin. Un fort déploiement policier, mais surtout un froid mordant avaient découragé tout rassemblement : seuls quelques dizaines d'ouvriers s'étaient déplacés dans l'espoir d'apercevoir leurs dirigeants après dix mois de détention.

A la veille du procès, la Confédération internationale des syndicats libres a demandé au gouvernement «d'abandonner toutes les charges retenues contre les représentants des travailleurs Yao Fuxin et Xiao Yunliang», tandis que Amnesty international les considère comme des «prisonniers de c