Les mines étaient graves, les visages fermés. Alignés du même côté de l'immense table rectangulaire du centre de conférences internationales de l'avenue Kléber, à Paris, les dix représentants ivoiriens ne se sont guère croisés du regard. A l'extrémité de la rangée, le Premier ministre de Côte-d'Ivoire, Pascal Affi Nguessan, représentant le parti au pouvoir, le Front populaire ivoirien (FPI). De l'autre côté, Alassane Ouattara, le dirigeant du Rassemblement des républicains (RDR), accusé par la presse progouvernementale ivoirienne d'être à l'origine de la crise qui secoue le pays depuis quatre mois. Et, au milieu, les représentants des trois mouvements rebelles, dont celui du Mpigo en tenue militaire.
Alternative. Il était midi, hier, lorsque le ministre français des Affaires étrangères a ouvert, avec solennité, la «table ronde ivoirienne de Linas-Marcoussis» (Essonne). Une courte cérémonie officielle pour poser les enjeux d'une réunion qui a démarré, trois heures plus tard, dans le centre technique national du rugby français. Le ton employé par Dominique de Villepin était volontairement grave. «La guerre ou la paix». C'est ainsi que le chef de la diplomatie a résumé l'alternative à laquelle doit faire face aujourd'hui la Côte-d'Ivoire. «L'Histoire vous oblige», a-t-il lancé, soulignant que les participants à cette table ronde devraient rendre des comptes à «(leur) peuple, et non à la France». Mais la scène exhalait un parfum d'anachronisme, le «grand frère» essayant de ramene