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Libération
Reportage

Les Pays-Bas au bord du seuil d'intolérance

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L'intégration des immigrés au coeur de la campagne électorale.
publié le 22 janvier 2003 à 21h56

Utrecht, Amsterdam

envoyée spéciale

Ayaan Hirsi Ali a trois gardes du corps pour mener sa campagne. Une escouade de policiers est aux aguets dans la librairie d'Utrecht où la séduisante réfugiée somalienne de 32 ans vient signer son livre, Usines à fils. Une cinquantaine d'admirateurs sont là pour une dédicace et un mot d'encouragement à celle que les médias ont surnommée la «Salman Rushdie des Pays-Bas». Son pamphlet est un brûlot contre l'islam et un appel aux femmes immigrées à se révolter contre l'oppression de cette religion, à ne plus rester en marge des libertés qu'offre l'Occident. Elle-même a fui la Somalie il y a dix ans quand son père a voulu la marier de force. A l'automne dernier, Ayaan Hirsi Ali a dû se cacher quelque temps aux Etats-Unis. Menacée de mort après un débat télévisé où, comme Pim Fortuyn, le leader populiste assassiné le 5 mai 2002, elle avait traité l'islam de «religion arriérée».

Multiculturalisme. Avec son slogan «les Pays-Bas sont pleins» et sa solution simpliste de fermeture des frontières, la Liste Pim Fortuyn ­ arrivée deuxième aux législatives de l'an dernier ­ a provoqué un séisme dans la placide et terne politique néerlandaise. Son parti a beau s'être désagrégé à l'épreuve du pouvoir (lire encadré), feu Pim projette toujours son ombre sur le pays. «Mais à la différence de mai 2002, cette campagne porte plus sur l'intégration que sur l'immigration. C'est positif», se réjouit Hirsi Ali, en bonne position sur la liste du parti libéral VVD. L'es