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Libération

L'idéal perdu des colons du Jourdain

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Lassés des attaques palestiniennes, beaucoup désertent la vallée, désormais investie par les ultrareligieux.
publié le 23 janvier 2003 à 21h56

Vallée du Jourdain envoyé spécial

Ari Serfaty n'aime pas qu'on le présente comme un colon. En 1956, il avait quitté le Maroc pour Israël. Maintenant, il vit dans la vallée du Jourdain et il ne s'imagine pas en partir : « Je ne m'en irai pas. En tout cas, pas sous la pression. Si je ne peux pas vivre ici, ça signifie que je ne serai pas en sécurité à Tel Aviv. On peut appeler ça de la colonisation mais moi, je suis venu ici pour développer cette terre. Avant, il n'y avait rien ici. »

L'installation de colons dans la vallée du Jourdain a été décidée au début des années 70 par les gouvernements travaillistes qui voulaient protéger la nouvelle frontière orientale d'Israël en la peuplant d'agriculteurs-soldats. Contrairement à beaucoup d'autres colonies de « Judée-Samarie » (nom donné par Israël à la Cisjordanie, ndlr), la vallée du Jourdain ne comptait pas ­ au moins au début ­ de religieux convaincus de leurs droits sacrés sur la terre d'Eretz Israël, le grand Israël biblique. Mais depuis le début de l'Intifada, ceux qui quittent la vallée, lassés par l'insécurité et la crise économique, sont remplacés par de nouveaux colons motivés par la foi ou l'idéologie.

Rester ou partir? Hamra, la colonie d'Ari Serfati, est un moshav, une structure intermédiaire entre le kibboutz et la ferme privée. La route qui y conduit serpente entre les champs et les serres. Les petites maisons cubiques sans grâce sont entourées d'une clôture électrifiée. La plupart des habitants travaillent la terre. Ar