Moscou de notre correspondante
Leur foyer ressemble à un appartement, avec ses cinq chambres, sa cuisine et ses deux salles de bains, mais l'humidité qui suinte des murs, décollant les papiers peints récemment posés, vient rappeler qu'il s'agit d'une cave. C'est là, dans le sous-sol d'une HLM de la banlieue de Moscou, que vivent une quinzaine d'étudiants tchétchènes en sciences sociales, renvoyés l'été dernier de la cité universitaire.
«Ils ne veulent pas que nous nous mêlions aux autres étudiants parce que nous sommes tchétchènes. Il n'y a pas d'autre explication», assure Rouslan, un géant aux yeux bleus, qui termine sa cinquième et dernière année d'études.
Arrestations. L'installation à la hâte des étudiants tchétchènes dans ce paisible quartier excentré a créé bien des remous. Beaucoup dans l'immeuble guignaient sur ce sous-sol pour en faire un entrepôt, et les voisins n'ont pas hésité à réclamer qu'on renvoie les jeunes gens. Il n'est pas facile d'être tchétchène à Moscou.
«En cinq ans, j'ai été arrêté plus de cent fois. En fait, je ne les compte plus. A chaque fois, c'est la même chose. On me demande mes papiers, puis on m'emmène dans la voiture de police, puis c'est le commissariat où je reste une, deux, voire trois heures. Et à la fin, il faut payer 100 roubles, quelquefois 150, mais seulement 30 si je n'ai pas plus. Dans le quartier, cela va plus vite car tout le commissariat nous connaît déjà», raconte-t-il. La vie est bien morne pour ces jeunes qui, par peur de la poli