Pékin intérim
Au panier la lutte des classes. En Chine aujourd'hui, «shang wang» («surfer sur Internet») pour ne pas rater le train de la «jingji quanqiuhua» («mondialisation économique») ou tout simplement «pao niu» («draguer les filles») sont des activités moins «communistement correctes», mais nettement plus ku (cool). Si elle fait grincer quelques dents, la publication par les Presses commerciales de Pékin du premier dictionnaire Chine nouvelle des expressions nouvelles, qui recense 2 200 mots apparus dans le langage courant au cours des années 90, permet une grille de lecture originale mais fidèle de la Chine urbaine actuelle.
Feuilletons. «L'émergence d'un grand nombre de nouveaux termes est le reflet logique des profonds bouleversements vécus par la société chinoise au cours des dernières décennies», explique Cao Zhiyun, chercheur en linguistique. Il a en effet bien fallu donner un nom aux situations inédites nées des réformes économiques, de l'intensification des relations avec l'Occident, des balbutiements du high-tech, des avancées de la science et de la médecine, des grands chantiers urbains, sans oublier la diversification express des modes de vie et des mentalités dans le pays. Les spécialistes chinois estiment que le vocabulaire mandarin s'étoffe ainsi chaque année d'un bon millier de néologismes, le plus souvent véhiculés par les médias, le cinéma ou la littérature.
Leur étymologie est variée : une partie du nouveau vocabulaire a été récupérée du cantonais (diale