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Libération

Tommy Lapid, tribun laïque en embuscade

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Son parti, le Shinouï, trouble le duel Likoud-travaillistes.
publié le 24 janvier 2003 à 21h58

Jérusalem

de notre correspondant

Au moins un phénomène est-il apparu dans une campagne d'une tiédeur insigne : les sondages couronnent le parti Shinouï («Changement») et surtout son chef, Yossef ­ «Tommy» ­ Lapid. Un sondage publié dans le journal Haaretz d'hier le crédite de 16 sièges ; certains prédisent même qu'il dépassera dans les urnes des travaillistes en déliquescence. L'éditorialiste Nahum Barnéa porte le fer : «Meretz (gauche, camp de la paix, ndlr) a perdu au profit de Shinouï toutes les femmes du café Kapulsky de Ramat-Sharon (café et quartier à la mode, ndlr) et, semble-t-il, leurs fils et filles. Les travaillistes les ont perdus depuis longtemps.»

En fait, Shinouï draine des électeurs pessimistes, déprimés, ambivalents par rapport à la gauche et à la droite. L'écrivain Amos Oz tranche dans les colonnes d'Haaretz : «Ce parti ressemble à quelqu'un qui, aux urgences, s'occuperait des plantes pendant qu'arrivent les victimes d'un attentat...»

Shinouï (6 députés sortants), qui a fait jadis scission avec Meretz, est une collection d'individus aux CV brillants et aux portefeuilles bien garnis. Avocats, scientifiques, chefs d'entreprise, habitants des quartiers cossus de Tel-Aviv et des villes prospères. Ashkénazes (le seul Séfarade apparaît à la onzième place). Et surtout, zélotes du laïcisme.

Ascension météorique. La liste n'existe que grâce à Tommy Lapid, à son bagout, son cynisme, son sens de la provocation, son humour. Et il laisse souvent percer son dédain d'une class