Abidjan de notre correspondante
Froidement ironique, Charles Blé Goudé, le leader des jeunes patriotes partisans du pouvoir, remercie la France «pour avoir montré la voie d'entrée dans un gouvernement d'union : celle des armes». Quand on lui parle du désarmement des forces en présence, c'est-à-dire des rebelles comme de l'armée régulière, il s'énerve : «Désarmer l'armée, désarmer l'armée, c'est un complet non-sens, j'ai été à l'école et je ne sais pas ce que ça veut dire !» «Cet accord, c'est du n'importe quoi !» fulmine un haut gradé de l'armée qui attend d'en savoir plus.
Gages. Un journaliste de Notre Voie, quotidien du parti de Laurent Gbagbo, estime que la proposition de désarmement de l'armée est «irréaliste». Mais quelle garantie donner aux rebelles, sinon le cantonnement des deux forces ? «Nous avons donné des gages de bonne volonté, nous aurions pu bombarder Bouaké et Korogho, tempête le journaliste, je ne comprends pas que des rebelles qui ont attaqué un pays puissent participer à un gouvernement.» «Au point où on était arrivé, il fallait continuer à se battre, c'est la France qui nous a empêchés», tempête un autre détracteur de la table ronde de Marcoussis. Depuis plusieurs jours, les médias de l'Etat donnent le ton. Selon eux, il n'y a pas de problème d'ivoirité en Côte-d'Ivoire, mais une tentative des étrangers pour spolier les Ivoiriens ; on ne peut décider de la modification d'une Constitution «autour d'une table, dans un centre de rugby». Les mêmes souhaitent q