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Libération

Les soldats cassés de Tsahal

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Le kibboutz de Kfar Izun soigne de plus en plus d'anciens combattants traumatisés.
publié le 25 janvier 2003 à 21h58

Césarée envoyé spécial

Les petits bungalows défraîchis donnent directement sur la mer. La buanderie a été transformée en atelier de peinture. Du réfectoire s'échappe la mélodie d'un piano désaccordé. Trois chiens débonnaires gambadent dans l'herbe rase qui peine à percer le sable. C'est un ancien centre de vacances, un peu décrépi pour un kibboutz, à l'ouest de Césarée. Kfar Izun accueille les enfants perdus d'Israël : partis pour «s'éclater» en Inde, en Thaïlande ou en Ethiopie après deux ans de service militaire éprouvant, ils n'en sont jamais vraiment revenus. C'est un must de «l'éducation israélienne» : après le stress de l'armée et de l'Intifada, on part pour oublier les ordres, les interdits et le danger, à la découverte du monde. Mais «sur la route», certains se sont perdus : mauvais trip d'ecstasy, choc psychologique, retour de bâton. Ils rentrent dépressifs chroniques, sans volonté ni énergie, sujets à des psychoses maniaco-dépressives.

Intifada. Lorsqu'il a fondé Kfar Izun, Omri Frish, un travailleur social de 49 ans qui s'est longtemps occupé de drogués, visait surtout le public des «jeunes routards». Mais la dimension militaire des problèmes psychologiques de ses patients a pris une proportion croissante avec l'Intifada et l'escalade de la répression israélienne. Pour lui, «il est impossible de mesurer les effets immédiats de l'Intifada. Ce genre de traumatisme prend un certain temps d'incubation», même s'il reconnaît que «la drogue n'est qu'un déclencheur». N'empê