Gaza envoyé spécial
«Cette fois-ci, je me suis dit ça y est, ils reviennent pour de bon.» Lorsqu'elle a vu passer la colonne de 50 chars sous ses fenêtres, Habiba a envoyé ses deux fils se cacher, puis elle a tout éteint. Samedi de 22 h 30 à l'aube, elle n'a pas fermé l'oeil, sursautant à chaque explosion. «Une nuit d'horreur et d'épouvante, raconte-t-elle, je n'osais même pas regarder par la fenêtre.» Les balles traçantes n'ont cessé de hachurer le ciel au-dessus de Gaza tandis que les haut-parleurs des mosquées appelaient à la résistance. Jamais depuis le début de l'Autonomie palestinienne, en 1994, l'armée israélienne n'avait effectué une incursion aussi massive et profonde dans la bande de Gaza. Elle laisse douze Palestiniens tués, une cinquantaine de blessés, dont six graves. Depuis plusieurs jours déjà, Tsahal poussait chaque jour un peu plus loin le long de cet axe nord-sud. Cette fois-ci, les chars israéliens ont atteint le centre de la ville de Gaza.
Ateliers. Contrairement à ce que pensait Habiba, l'armée n'est pas venue effectuer des arrestations ni réoccuper Gaza. L'objectif était de détruire les ateliers de métallurgie, censés produire des roquettes artisanales tirées par le mouvement islamiste Hamas sur les colonies et les villes israéliennes. Vendredi, une dizaine d'entre elles s'étaient abattues dans les environs de Sderot, une ville israélienne à moins de 10 kilomètres au nord de Gaza, sans faire de dégâts ni victimes. Depuis le début de l'Intifada, elles n'on